Pour beaucoup, vous êtes celui, au sein des
services de l'État, qui a contribué à révéler le scandale de la
chlordécone, dans quel contexte ?
J'ai pris mon poste de chef du service
santé-environnement à la DDASS de Martinique en 1998, en plein
débat sur les pesticides. Il existait un gros conflit : les
associations dénonçaient leur présence dans les eaux mais les
services de l'Etat n'en trouvaient pas de traces dans les
contrôles. Le rapport d'une mission de l'inspection générale,
Balland-Mestres-Fagot, a été remis peu après mon arrivée. Il a fait
beaucoup de bruit parce qu'il dénonçait une situation d'usage
immodéré des pesticides, une application laxiste de la
réglementation ainsi qu'un manque de connaissances relatif à l'état
des lieux. Ce rapport a été remis après un certain temps à la
présidente du comité de bassin, Madeleine de Grand-maison. À
charge, pour le comité de bassin, qui réunissait de nombreux
acteurs (agriculture, industrie, administration, élus,
associations...), de faire des propositions et répondre sur la
question des conséquences sur l'environnement et potentiellement
sur la santé.
Quel a été votre rôle ?
Avec le service santé-environnement, j'ai
réfléchi à la manière de caractériser la contamination potentielle
des eaux par les pesticides. Je suis allé voir les financeurs : les
distributeurs d'eau potable (la régie des eaux de Fort-de-France,
la SME, la SMDS) et le Conseil général. Ils ont payé leur part pour
faire...