Eric Godard : « Sur la chlordécone, j'ai essayé d'être la conscience de l'État »

Eric Godard : « Sur la chlordécone, j'ai essayé d'être la conscience de l'État »

Rodolphe LAMY
(Georges Jaffory)
(Georges Jaffory)

Pour les uns un héros, pour les autres un ennemi juré ou un électron libre. Pour lui, un simple serviteur de l'État qui a toujours placé la santé des populations au premier rang de ses préoccupations. En cherchant, pendant 20 ans, à alerter, informer et guider l'action publique, afin de protéger et rétablir une confiance, assez durablement altérée. Interview de l'ingénieur général du génie sanitaire, ancien chargé de mission chlordécone et chef de service à l'ARS, à la retraite depuis fin octobre.

Pour beaucoup, vous êtes celui, au sein des services de l'État, qui a contribué à révéler le scandale de la chlordécone, dans quel contexte ?
J'ai pris mon poste de chef du service santé-environnement à la DDASS de Martinique en 1998, en plein débat sur les pesticides. Il existait un gros conflit : les associations dénonçaient leur présence dans les eaux mais les services de l'Etat n'en trouvaient pas de traces dans les contrôles. Le rapport d'une mission de l'inspection générale, Balland-Mestres-Fagot, a été remis peu après mon arrivée. Il a fait beaucoup de bruit parce qu'il dénonçait une situation d'usage immodéré des pesticides, une application laxiste de la réglementation ainsi qu'un manque de connaissances relatif à l'état des lieux. Ce rapport a été remis après un certain temps à la présidente du comité de bassin, Madeleine de Grand-maison. À charge, pour le comité de bassin, qui réunissait de nombreux acteurs (agriculture, industrie, administration, élus, associations...), de faire des propositions et répondre sur la question des conséquences sur l'environnement et potentiellement sur la santé.
Quel a été votre rôle ?
Avec le service santé-environnement, j'ai réfléchi à la manière de caractériser la contamination potentielle des eaux par les pesticides. Je suis allé voir les financeurs : les distributeurs d'eau potable (la régie des eaux de Fort-de-France, la SME, la SMDS) et le Conseil général. Ils ont payé leur part pour faire...

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