À moins de 20 ans, il s'était fait porter
volontaire au sein des Forces françaises libres pour libérer la
France du joug allemand. De cet engagement, Frantz Fanon en garda
une profonde amertume : « Si je ne retournais pas, si vous
appreniez un jour ma mort face à l'ennemi, consolez- vous, mais ne
dites jamais : il est mort pour la cause. Dites : Dieu l'a rappelé
à lui. Car cette fausse idéologie, bouclier des laïciens et des
politiciens imbéciles ne doit plus nous illuminer. Je me suis
trompé! Rien ici, rien qui justifie cette subite décision de me
faire le défenseur des intérêts du fermier quand lui-même s'en
fout. »
Un profond désappointement car il avait
encaissé, frontalement, le racisme ordinaire, banal, spontané. Le
Guinéen Addi Bâ a également subi de plein fouet le dénigrement
racial, mais il alla jusqu'au bout de sa volonté de résister à la
soldatesque nazie : d'abord en tant que militaire enrôlé, en 1939,
dans le 12e régiment de tirailleurs sénégalais, puis comme
résistant, après s'être évadé d'un camp de prisonniers à
Neufchâteau, dans les Vosges.
« TERRORISTE NOIR »
L'épopée de Bâ fut courte -
d'octobre...